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Channel: Commentaires sur : Le droit à l’oubli fait face au développement du web de données
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Par : Priscille Legros

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[synthèse de discussion]
Dans ce billet, nous avons retracé l’historique du droit à l’oubli, son contexte politique et économique et proposé une ouverture interrogative sur l’avenir avec l’avènement du web 3.0. La discussion autour des commentaires a soulevé différents points qu’il est important d’ajouter à la lecture de l’article pour en percevoir les problématiques qu’il fait émerger. Car si l’on parle du droit à l’oubli en Europe aujourd’hui, notamment à travers différentes affaires juridiques, c’est un sujet encore très peu abordé en Amérique du nord. Le droit à l’oubli pose de nombreuses questions mais amène peu de réponses. En effet, le champs infini des connaissances sur internet amène ce débat vers un horizon très vaste et quelque peu caché par la brume…

Le droit à l’oubli fait face au web de données dans le sens où cette nouvelle forme d’intelligence artificielle permet une recherche si pointue dans l’océan web que c’est une évolution phénoménale, pour la recherche scientifique, le partage, l’accès à l’information…mais c’est justement à partir de là que se pose la question du droit à l’oubli soulignant le respect de la vie privée et notamment le contrôle des grandes firmes qui récupèrent les données de tous (sans vraiment partager les leurs !). Cela pose des questions de responsabilité auxquelles le domaine juridique a tenté, pour l’instant en vain, de répondre en Europe. Les instances actuelles pour la protection des données personnelles (comme la CNIL) sont d’ailleurs des petites instances face aux géants du web, et qui n’agissent qu’a posteriori d’un litige, après réclamation des utilisateurs. Or, si ce modèle a été mis en place, c’est aussi parce que tant que l’internaute ne fait pas de réclamation, rien ne peut se faire ; l’internaute a donc bien une responsabilité quant aux données le concernant sur internet. Aujourd’hui, si il peut profiter du réseau, il doit également y participer et notamment connaître les données qui l’engagent.

D’autre part, dans cette question du droit à l’oubli, il est nécessaire et même primordial de distinguer les données personnelles qui portent atteinte aux utilisateurs des données publiques qui gênent les internaute ou les firmes malgré eux (comme par exemple, l’article de ZdNet qui fait l’objet d’une procédure de droit à l’oubli). Car si aujourd’hui on défend le droit à l’oubli, il ne faut pas oublier l’ambigüité qui repose autour de cette notion : l’oubli est contraire à l’histoire et si l’on cherche, aujourd’hui, à “oublier” cela pose un sérieux problème de suppression des archives et donc de modification de notre histoire dans le temps. On ne peut pas oublier ce qui s’est passé, ni le réécrire, c’est ce qui fait aussi la liberté humaine et nous sauve d’un monde comme celui de 1984 de George Orwell dans lequel le gouvernement fictif mis en place ne cesse de réécrire l’histoire à son gré en modifiant les données.

Il est donc primordial d’être prudent sur cette question du droit à l’oubli, en tant qu’utilisateur pour se protéger de la récupération de ses données personnelles, mais également en tant que “citoyen du monde” pour faire perdurer la mémoire de l’histoire. De plus, il est plus que jamais l’heure de prendre conscience du web comme étant un lieu de partage global et ouvert à tous et donc de savoir l’utiliser et l’appréhender comme tel.


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